Divorcer dans les cantons de Fribourg et Vaud entre 1960 et 2020: pratiques judiciaires, inégalités sociales et genre

Marta Roca i Escoda (UNIL), Fiona Friedli (UNIL), Aurore Müller (UNIL) & Anne-Françoise Praz (UNI FR)

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Aujourd’hui en Suisse, deux mariages sur cinq sont dissous par un divorce. Ce chiffre est le résultat de la forte progression de la divortialité entre 1960-1990, observable dans les pays occidentaux et qualifiée par les démographes de « transition du divorce ». Celle-ci s’explique par la demande croissante des conjoint·es, ainsi que par l’évolution des pratiques judiciaires vers le divorce consensuel, moins coûteux, anticipant la réforme législative de l’an 2000. 

Les recherches sur les risques et les effets du divorce se développent en Suisse, mais le déroulement et les modalités de cette transition restent mal connus. Or, la compréhension de ce processus historique est importante pour mieux saisir les tendances actuelles. Nous faisons l’hypothèse que cette transition s’inscrit davantage dans une continuité que dans une rupture : elle resterait marquée par la reproduction de certaines inégalités sociales et de genre ; elle serait différenciée selon les cultures institutionnelles et judiciaires cantonales, autre facteur de continuité. Cette hypothèse principale se décline en plusieurs sous-questions de recherche. 

La transition du divorce reste-t-elle marquée par les normes de genre traditionnelles ? Est-elle initiée davantage par les classes sociales supérieures, en termes de revenu et de formation, ou par les classes moyennes et populaires ? Quel rôle jouent les nouvelles exigences de la parentalité dans cette transition ? Les asymétries sociales et de genre se retrouvent-elles dans l’évolution des pratiques judiciaires vers le divorce par consensuel ? Dans ce glissement, quel est le rôle respectif des demandes des conjoint·es, des stratégies des acteurs·trices judiciaires, de l’impact des cultures institutionnelles cantonales ? Aujourd’hui, comment les juges composent-ils/elles avec la nouvelle loi suisse du divorce et les conventions internationales ? Les asymétries sociales et de genre sont-elles reconduites dans le traitement judiciaire du divorce ?

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