Depuis 2025, le Tessin rejoint officiellement le Conseil de la Fondation Isabelle Hafen et est en lien avec l’OLEJ. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?
Un honneur et une opportunité ! En participant aux différents projets de recherche et activités promues par l’OLEJ, nous aurons la possibilité de :
- Comparer notre réalité et nos pratiques à celles des cantons romands ; pour le Tessin, éloigné du reste de la Suisse par des barrières architectoniques et linguistiques, il est encore plus important de rester connecté, en particulier aux cantons romands avec lesquels les échanges sont déjà actifs et rentables.
- Être renseignés, suivre de près et échanger sur les développements autour de thématiques émergentes. Dans la pratique, nous constatons régulièrement que les soucis et les difficultés, liés à la réalité des besoins qui change plus vite que celle des réponses planifiées, sont les mêmes ; ça vaut la peine d’optimiser les ressources à la recherche des solutions les plus efficaces.
- Promouvoir les échanges interprofessionnels, dans un domaine vaste mais en même temps très spécialisé qui requiert de plus en plus de compétences spécifiques.
Quelles sont les lignes directrices du Tessin en matière de politique enfance et jeunesse ?
Au-delà des bases légales cantonales qui fondent notre action “(Legge sul sostegno alle attività delle famiglie e di protezione dei minorenni”, “Legge sull’organizzazione e la procedura in materia di protezione del minore e dell’adulto”, “Legge sul sostegno e il coordinamento delle attività giovanili”, “Legge sul promovimento e il coordinamento delle colonie di vacanza”), le programme du gouvernement pour la législature 2023-2027 prévoit quatre actions qui méritent d’être mentionnées :
- le « Programma dei diritti », deuxième édition (2025-28)
- le message de la nouvelle “Legge giovani”, en phase d’approbation par le Grand Conseil (en principe en 2025)
- la planification des places d’accueil extrascolaire et extrafamilial, avec des propositions de promotion de qualité et d’inclusion
- Le nouveau modèle de planification dans le secteur de la protection : pour le moment, le Canton dispose d’une vision interne, qui va se traduire en 2026 en une planification du secteur
A quels défis spécifiques le canton est-il confronté et comment y répond-il ?
Dans le domaine de la prévention, notre focus est sur l’intervention précoce avec les familles. Les écoles signalent des difficultés importantes qui se manifestent chez un nombre croissant d’enfants dont l’âge est à la baisse. Le défi est de rejoindre au plus tôt les familles vulnérables avec des interventions éducatives de soutien et de renforcement, par exemple par l’extension du programme Pat.
Dans le domaine de la protection en résidentiel, nos réflexions et nos efforts convergent autour des thèmes suivants :
- L’augmentation et la diffusion des problématiques d’ordre psychique interrogent d’une part les structures éducatives, appelées à intégrer leur savoir et leur action, et conduit d’autre part à adapter les concepts des deux communautés thérapeutiques cantonales créées au cours des 10 dernières années, ainsi qu’à entretenir la collaboration avec les communautés italiennes.
- Lorsque les problématiques d’ordre psychique apparaissent sous des formes graves et diversifiées déjà au cours de l’école obligatoire, bien que cela ne concerne qu’un petit nombre d’enfants, nous ne disposons pas de structures adéquates ; il en va de même lorsque ces problématiques sont accompagnées par d’autres relevant du domaine du handicap. Dans ces deux cas de figure, on essaie de mettre sur pied des projets individualisés coûteux et difficiles à soutenir dans la durée.
- La gestion des comportements antisociaux met en difficulté les structures ouvertes ; le projet d’une nouvelle structure semi fermée, approuvé par l’OFJ et par le Parlement, est prêt à démarrer en vue de l’ouverture dans trois ans au plus tôt.
- La consommation de substances dures est aussi en train d’augmenter avec des situations (5-10) très graves.
- L’attractivité de la profession d’éducateur-trice , comme dans le reste de la Suisse, est à la baisse ; à côté des structures, il s’agit de développer des stratégies pour prévenir le burnout et le turnover et renforcer la motivation et les compétences de celles et ceux qui travaillent déjà dans le domaine ainsi que des nouvelles recrues. Une recherche va être lancée avec l’Université de Genève, qui va notamment aborder le thème des nouveaux défis de la profession et du secteur.